Nouvelles émergences : une cohorte vaccinale Monkeypox mise en place par le réseau ireivac
Monkeypox, une maladie virale contagieuse de la même famille que la variole, fait la une des journaux suite à des cas de contagion inédits. Les autorités sanitaires ont recommandé une vaccination post-exposition pour les cas-contacts avec un vaccin antivariolique de 3ème génération. Le réseau de recherche clinique ireivac, qui sous-tend covireivac, met en place une cohorte pour suivre les personnes vaccinées et compléter les connaissances sur l’efficacité de ce vaccin.
Découvert et surveillé depuis les années 70
Les premiers cas de monkeypox ne sont pas récents. Bien que transmis généralement par les rongeurs en Afrique équatoriale, le virus monkeypox fut isolé en 1958 chez des macaques asiatiques importés au Danemark pour les besoins d’un centre de recherche basé à Copenhague, ce qui lui donna son nom. Le virus provoque notamment une éruption vésiculeuse, démangeaisons et fièvre.
Cousin mais moins grave que la variole, et surtout restreint à quelques contagions sporadiques inter-espèce dans les pays endémique de la maladie, à la suite de voyages ou d’importation d’animaux contaminés, le virus était surveillé. Les risques d’une épidémie n’étaient pas exclus, d’autant qu’avec l’arrêt de la vaccination contre la variole dans les années 80 suite à son éradication, les populations se retrouvaient de nouveau potentiellement vulnérables.
Une transmission intra humaine sans précédent
La nouveauté est l’apparition de cas de transmissions inter-humaines à large échelle. Plus de 5000 cas ont été répertoriés dans le monde à ce jour, ce qui en fait le plus important épisode épidémique monkeypox reporté jusqu’ici en dehors des pays d’endémie. Si les cas sont relativement bénins pour l’instant, la poursuite de leur hausse fait craindre que des personnes plus vulnérables puissent être touchées à leur tour et développent des formes plus graves. En France, les infections par ce virus font l’objet d’une surveillance pérenne par le dispositif de la déclaration obligatoire. Compte tenu des alertes en cours, la surveillance de ces infections est renforcée par Santé Publique France.
Mais l’existence d’un vaccin contre la variole peut contenir l’épidémie.
Le vaccin contre la variole
La HAS a émis des recommandations de vaccination post-exposition pour tous les cas contacts à haut risque (contact direct) ou présentant un risque intermédiaire (contact indirect non protégé), avec un vaccin antivariolique de troisième génération.
Conçu à l’origine pour lutter contre la variole, un proche cousin du monkeypox, les laboratoires ont continué à produire des vaccins antivarioliques en tentant d’en améliorer la formule et supprimer leurs effets secondaires, après l’arrêt des campagnes de vaccination contre la variole.
Ce vaccin de troisième génération a donc une efficacité, un mode d’administration et un profil de tolérance, meilleurs que ceux des vaccins de première et deuxième générations qui ne sont plus utilisés en population générale depuis 1984. Il est commercialisé depuis 2013, par l’entreprise danoise de biotechnologie Bavarian Nordic, sous le nom de Imvanex® en Europe et contient une forme modifiée vivante du virus de la vaccine appelée « vaccinia Ankara », qui est apparentée au virus de la variole. En raison de sa similitude avec le virus de la variole, les anticorps produits contre ce virus protègent contre la variole et par transposition son cousin monkeypox. Les données pré-cliniques montrent en effet qu’il est efficace à 85 % contre ce dernier.
Une cohorte vaccinale ireivac
Bien que ce vaccin ait été validé récemment contre Monkeypox chez l’adulte, les données sont encore peu nombreuses.
« Il est vraiment important d’avoir des données d’efficacité supplémentaire, pour mieux comprendre la transmission du virus et quelles sont les meilleures manières de traiter pour prévenir l’infection, » nous explique Liem Binh Luong Nguyen, médecin adjoint au CIC Cochin Pasteur.
Si elle ne fait pas appel à des volontaires compte tenu de la politique de vaccination des cas contacts, une cohorte vaccinale observationnelle de 226 personnes a ainsi été mise en place par le réseau des centres de recherche clinique ireivac, pour suivre l’efficacité de la vaccination selon les recommandations en place. Les personnes cas-contacts qui reçoivent le vaccin seront suivies sur le long terme pour évaluer leur réponse à la vaccination et ainsi mettre à l’épreuve l’efficacité de la vaccination en situation réelle. L’objectif est également d’étendre la cohorte au niveau européen, afin d’obtenir des informations encore plus précises sur le timing de l’injection et les expositions aux risques.
Parallèlement aux travaux qui se poursuivent sur le covid, la recherche clinique en vaccinologie reste un enjeu de santé publique majeure, comme le montre cette nouvelle émergence.
Liem Binh Luong Nguyen, médecin adjoint au CIC Cochin Pasteur