Le parcours des échantillons : mieux comprendre les délais
De la visite à l’hôpital à la publication de résultats scientifiques, le cheminement des échantillons des études cliniques est long. Nous avons essayé d’expliquer le parcours des prélèvements de chaque participant, très loin du schéma classique d’un laboratoire de ville.
Un centre de recherche clinique n’est pas un laboratoire de ville
Quand une personne se rend dans un laboratoire de ville ou hospitalier, les échantillons biologiques recueillis sont traités localement si le matériel nécessaire est présent, ou envoyés dans un autre laboratoire associé qui fera un test standardisé. Dans tous les cas, les résultats sont adressés soit le même jour soit dans les jours qui suivent.
Ce n’est pas le cas dans une étude clinique. En effet, les échantillons ne sont pas traités individuellement mais regroupés et centralisés dans un centre de ressource biologique qui vérifie la conformité des prélèvements et les envoie ensuite à des laboratoires de recherche spécialisés. Les résultats sont envoyés ensuite aux chercheurs avant d’être remis aux participants. Explications.
Le traitement des échantillons cliniques se fait sur place
Après s’être rendu à l’hôpital et plus précisément dans un centre d’investigation clinique (CIC) et avoir accepté de participer à une étude clinique, le participant à l’étude accepte de donner des échantillons biologiques pour la science. Sang, salive ou urine sont recueillis par des infirmières.
Ces échantillons biologiques, anonymisés, sont ensuite envoyés dans un centre de ressource biologique (CRB) habituellement à proximité immédiate du CIC. Ici, des techniciens traitent les échantillons pour en faire de petits aliquots. Cette étape va permettre d’optimiser l’utilisation des échantillons biologiques des participants dont les faibles volumes sont précieux. Le sang va par exemple être transformé en plasma, sérum ou cellules qui seront étudiés par les chercheurs.
Tous les échantillons d’une étude sont centralisés
Après des étapes de contrôle qualité et de vérification de données aux échantillons qui peuvent durer jusqu’à 1 mois, tous les échantillons de France inclus dans une étude vont ensuite être centralisés dans un CRB commun, coordonnateur. Pour les essais Covicompare M & P, ce centre est le CRB de Cochin à Paris.
Mais pour des questions de frais et de logistique, les rapatriements ne se font pas au fil de l’eau, plutôt en commande groupée. La fréquence des rapatriements varie entre 2 à 6 mois.
Une fois tous les échantillons, de toute la France, réceptionnés, ce CRB centralisateur coordonne l’ensemble des envois vers des laboratoires de recherche en immunologie en fonction de leurs besoins. Mais encore une fois, ces envois ne se font pas au fil de l’eau.
Par exemple, on a attendu la fin des rapatriements de toutes les visites M2 de toutes les personnes participant à Covicompare M et Covicompare P, avant de faire un envoi groupé vers les laboratoires. De ce fait, environ 6 mois se sont écoulés entre l’inclusion du premier participant à l’essai et la réception des échantillons dans les laboratoires. On parle d’une grande quantité de participants, de prélèvements et de contrôles, et les délais sont donc importants.
Louis-Victorien Vieillard, chef de projet Covireivac
Différents laboratoires de recherche s’intéressent aux échantillons
Plusieurs laboratoires de recherche qui s’intéressent à différents aspects de l’immunologie traitent les échantillons biologiques. Ce sont eux qui font les analyses, dont la sérologie ou les tests salivaires. Mais selon les questions scientifiques posées, les tests nécessaires peuvent aussi être beaucoup plus compliqués et demander plus de temps. En effet, certains laboratoires attendent les résultats de tests classiques afin de réaliser une analyse immunologique plus fine sur une sous population des participants, dont les résultats sont plus prometteurs pour ces analyses spécifiques.
Une fois que les laboratoires accumulent des résultats, ces derniers ne sont pas communiqués tout de suite aux participants. En effet, il y a une étape de validation auprès d’un centre de méthodologie et de gestion (CMG). Ces derniers font les analyses statistiques des datas recueillies par les scientifiques.
Les résultats de ces analyses feront l’objet de publications scientifiques qui enrichiront les connaissances globales. Avant leur valorisation et leur communication, ils font cependant l’objet d’une discussion avec une étape de validation en interne par des conseils scientifiques.
Les résultats en fin de boucle
La boucle est enfin bouclée. Les scientifiques s’enrichissent de nouvelle connaissance sur la réponse immunitaire dans ses différentes composantes aux vaccins, et les participants reçoivent les principaux résultats.
La durée du cycle dépend donc de plusieurs facteurs, dont la fréquence de rapatriement et de centralisation des échantillons et le temps des différents tests effectués par les scientifiques. Et cela peut prendre plusieurs mois. « On essaye vraiment d’harmoniser les procédures et de créer des réseaux labellisés. Cette mise en place sera longue, mais on gagnera du temps par la suite, » explique Louis-Victorien Vieillard.