Résultats des essais COVICOMPARE : vaccination et immunité mucosale

Aujourd’hui la capacité des vaccins à ARNm à induire une augmentation d’anticorps
protecteurs au niveau des muqueuses reste encore débattue. Utilisant des échantillons
des essais COVICOMPARE, le Pr Guy Gorochov, directeur du département d’immunologie
à l’hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP et codirecteur du centre d’immunologie et maladies
infectieuses à Paris, éclaire certains aspects.


Entre février et juillet 2021, 427 volontaires bénéficiaient d’une vaccination contre la COVID- 19 dans le cadre des essais COVICOMPARE-P et COVICOMPARE-M. Les participants naïfs qui n’avaient jamais été en contact avec le virus SARS-CoV-2 se sont vus administrer deux doses du vaccin Moderna ou Pfizer-BioNTech. Les 120 personnes pré-infectées, quant à elles, ne recevaient qu’une dose du vaccin Pfizer. Des prélèvements sanguins et salivaires étaient ensuite recueillis avant la première dose (J1), avant la deuxième (J29), ensuite à J57 et à J180.


Ces échantillons ont été envoyés et utilisés dans différents laboratoires de recherche, et
notamment celui du Pr Guy Gorochov qui s’est intéressé à l’induction de la réponse
immunitaire dans les muqueuses, dite immunité humorale, après cette vaccination.
L’équipe du Pr Gorochov étudie globalement la réponse immune dirigée contre les virus, en particulier ceux associés à l’auto-immunité ou aux déficits immunitaires, ainsi que, plus
récemment, le SARS-CoV-2.


Dans le contexte des essais COVICOMPARE-M et COVICOMPARE-P, l’équipe du Pr Gorochov
a comparé la réponse humorale de personnes vaccinées en intramusculaire contre le Covid-
19 par des vaccins à ARNm. Concrètement, elle a analysé, au niveau salivaire, la présence
des anticorps à la vaccination des sujets naïfs et des sujets ayant été infectés avant la
vaccination, puis les a comparés.


Après la vaccination, les chercheurs ont retrouvé des IgA salivaires spécifiques du SARS-CoV-2 chez les sujets sains et pré-infectés, mais en quantité plus importante chez ces derniers. Les IgA sont des anticorps principalement retrouvés dans les sécrétions (salive, larmes, sécrétions digestives et pulmonaires). Un type particulier d’IgA, les IgA sécrétoires, présents exclusivement dans les sécrétions, jouent un rôle antiviral particulièrement efficace.


Le vaccin ne provoque donc qu’une augmentation de faible intensité des IgA chez les
personnes naïves, alors que les anticorps IgG spécifiques du SARS-CoV-2 sont largement
détectés dans la salive après vaccination aussi bien chez les sujets naïfs, que chez les pré-
infectés. Dans les deux cas, les taux d’anticorps IgA et IgG mesurés au niveau salivaire sont
fortement corrélés aux taux sériques, indiquant une vraisemblable diffusion du sang vers la
salive.


L’étude, dont les résultats ont fait l’objet d’une publication parue le 23 avril 2024 dans la
revue JAMA Network Open, semble indiquer donc que la vaccination ARNm n’active que
faiblement l’immunité spécifique des muqueuses, en particulier chez les personnes n’ayant
eu aucun contact précédent avec le virus. A poursuivre donc. D’autres études sont notamment nécessaires pour déterminer le lien entre les taux d’IgA salivaires spécifiques et
la prévention de l’infection ou de la transmission du SARS-CoV-2.

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